Les performances anaérobies ne sont pas affectées par une nuit blanche
1 Décembre 2016
Xavier Bonacorsi
Sachant que les privations de sommeil peuvent affecter l’humeur et les fonctions cognitives, en plus d’augmenter la perception de fatigue à l’effort, les athlètes craignent aussi que leur performance ne soit considérablement affectée lorsqu’ils manquent de sommeil, par exemple lorsqu’ils doivent se déplacer la nuit.
Dans Effects of one night’s sleep deprivation on anaerobic performance the following day (2003), on a évalué les effets d’une nuit blanche sur la performance anaérobie, le jour suivant. On a mesuré la performance anaérobie sur ergocycle (test de force-vélocité et test de Wingate) de 13 hommes (étudiants en éducation physique) en bonne santé, âgés en moyenne de 22,4 ans. On a notamment évalué la force maximale, la force moyenne et la cadence maximale de pédalage. Le test de force-vélocité comprenait 6 ou 7 sprints supramaximaux de 6 secondes chacun, où la résistance fut augmentée d’un sprint à l’autre, jusqu’à ce que le sujet ne puisse plus maintenir une cadence d’au moins 100 rpm.
Les tests ont été effectués à 6h du matin et à 18h de la même journée, le lendemain d’une nuit de sommeil normale, soit respectivement 1h et 13h après le réveil ; ainsi que le lendemain d’une nuit blanche, soit après 24 heures et 36 heures d’éveil. On n’a noté aucune différence significative entre les résultats obtenus lors des deux tests du matin. Dans les deux situations, les sujets ont réalisé de meilleures performances dans les tests de 18h. Les augmentations étaient toutefois beaucoup moins importantes après la nuit blanche.
Après une nuit normale
Test de 6h (1h d’éveil) |
Test de 18h (13h d’éveil) |
|
Force maximale (W/kg) | 14,1 | 15,2* |
Force moyenne (W/kg) | 7,9 | 8,6* |
Cadence maximale (rev/min) | 208,3 | 217,7 |
Après une nuit blanche
Test de 6h (24h d’éveil) |
Test de 18h (36h d’éveil) |
|
Force maximale (W/kg) | 13,9 | 14,5 |
Force moyenne (W/kg) | 7,9 | 8,3* |
Cadence maximale (rev/min) | 208,9 |
213,2 |
*différence significative entre les résultats des tests de 6h et 18h de la même journée
Bien que l’étude ne contenait pas d’éléments perturbateurs (stress, anxiété, inconfort d’un voyage, etc.) à la source de la privation de sommeil, qui auraient pu affecter les résultats (tant après la nuit normale qu’après la nuit blanche), les auteurs concluent que les performances anaérobies de courtes durées ne sont pas affectées après 24 heures d’éveil, mais qu’elles le seraient après 36 heures d’éveil.
Les athlètes qui craignent de voir une diminution de leur performance anaérobie après une période sans sommeil, peuvent maintenant « dormir sur leurs deux oreilles » !
À noter cependant qu’il y a de bonnes raisons de croire que la réponse à un manque de sommeil peut varier énormément d’un sujet à un autre.
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