La motivation à faire de l’exercice physique : des experts d’ici se prononcent
3 novembre 2025
Guy Thibault
Dans le tumulte des injonctions quotidiennes – bouger plus, s’entraîner mieux, atteindre telle ou telle performance –, la question de la motivation revient souvent. Pourquoi certaines personnes s’adonnent-elles à l’activité physique avec enthousiasme alors que d’autres renâclent à l’idée même de mettre un pied hors du canapé ? Et surtout, comment transformer cette dynamique pour permettre à chacun de trouver sa propre voie vers une pratique régulière ?
Le récent document gouvernemental québécois, « La contribution de la motivation à la pratique de l’activité physique, du sport et du plein air » (sic), offre une réponse riche et nuancée.
Plutôt que de se limiter aux sempiternels rappels des bienfaits physiques de l’exercice, il replace au cœur du débat ce qui est trop souvent oublié : la personne elle-même, avec ses goûts, ses besoins, ses motivations profondes.
MOTIVATION INTRINSÈQUE
La théorie de l’autodétermination, centrale dans ce rapport, distingue deux grands types de motivation : l’intrinsèque et l’extrinsèque. Si la motivation extrinsèque repose sur des facteurs externes (récompense, reconnaissance, pression sociale), la motivation intrinsèque est celle qui naît de l’intérieur – simplement parce que l’activité procure du plaisir, de la satisfaction, ou un sentiment de compétence.
C’est précisément cette dernière qui est associée à la persistance dans l’effort sur le long terme. Ce n’est pas anodin : cela signifie que si nous voulons aider les gens à adopter une routine durable, il ne suffit pas de leur dire qu’ils devraient courir « pour être en meilleure santé ». Il faut aussi, et surtout, leur permettre de ressentir du plaisir dans l’action, quel que soit le type d’activité choisi.
Loin des discours moralisateurs sur la minceur ou la performance, c’est donc une vision plus humaine et incarnée qui se dessine ici.
Courir, danser, marcher, grimper, pédaler – peu importe l’activité, tant qu’elle devient source de plaisir authentique.
LE RÔLE DES ENVIRONNEMENTS ET DES CONTEXTES
Mais la motivation ne surgit pas de nulle part. Elle se nourrit de conditions favorables : un cadre sécuritaire, un espace inclusif, une approche adaptée à chaque âge et chaque niveau. Cela implique aussi de varier les activités, de respecter les rythmes individuels, de créer des liens sociaux autour de la pratique.
Comme le souligne le rapport, l’environnement joue un rôle décisif. Un parc accessible, un sentier cyclable sûr, un club sportif accueillant, une école qui encourage la diversité des pratiques – autant d’éléments qui facilitent l’engagement et soutiennent la motivation.
Et puis, il y a ces moments où la motivation vacille. Parfois, il faut une main tendue, un accompagnement personnalisé. L’entretien motivationnel, par exemple, propose d’aider les personnes à explorer leurs propres raisons de bouger, sans jugement ni pression. Une écoute empathique qui peut faire toute la différence.
VERS UNE CULTURE DU MOUVEMENT JOYEUX
Alors que les campagnes de santé publique insistent souvent sur les bénéfices physiologiques de l’activité physique – réduction du risque cardiovasculaire, amélioration de la posture, gestion du poids –, ce document invite à recentrer le discours sur l’expérience subjective. Non pas ce qu’il faut faire pour être « en règle » avec son corps, mais ce que l’on peut vivre en bougeant librement, en explorant, en se reliant à soi-même et aux autres.
C’est là tout l’enjeu : passer d’une logique prescriptive à une approche émancipatrice. Redonner aux individus le pouvoir de choisir, d’expérimenter, de construire une relation positive avec leur corps en mouvement.
Car finalement, comme le dit si bien le rapport : « Aussi convient-il de mettre en valeur ces avantages incitatifs : aspect ludique, plaisir, détente, divertissement, camaraderie, bien-être physique et psychologique, satisfaction, accomplissement et contact avec la nature. » Autant de mots qui, loin des injonctions culpabilisantes, parlent directement à notre désir de vivre pleinement.
CONCLUSION : BOUGER, C’EST CHOISIR DE VIVRE
Il ne s’agit pas ici de nier les obstacles – manque de temps, contraintes matérielles, difficultés personnelles. Mais face à ces défis, la motivation intrinsèque demeure une boussole précieuse. Elle ne naît pas d’un simple appel à la volonté, mais d’un cheminement sensible, émotionnel, parfois fragile, toujours singulier.
En somme, si l’on veut vraiment encourager les gens à bouger, inutile de multiplier les listes de recommandations techniques. Ce dont ils ont besoin, c’est d’être entendus, accompagnés, inspirés. De retrouver, dans le mouvement, autre chose que la performance : un sourire, un souffle, une sensation de liberté.
Bref, il s’agit de faire de l’activité physique non une corvée, mais une manière de se sentir pleinement vivant.
Et cela, personne ne peut vous le dicter. Mais on peut vous y inviter. Avec douceur, créativité, et bienveillance.
Pour télécharger le rapport complet : « La contribution de la motivation à la pratique de l’activité physique, du sport et du plein air »
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C'est un article très intéressant. Pour ma part, je suis peut être chanceux, car j'ai une grande motivation intrinsèque à faire de l'activité physique, karaté principalement, mais aussi le ski de fond, la natation, le vélo, le roller, la randonnée et de la musculation. J'aime m'entraîner pour le bien être que ça me procure après l'entraînement et aussi parce que j'aime me dépenser physiquement.