Changer ou non son attaque plantaire en course à pied ?
29 décembre 2024
Guy Thibault
Que l’on fasse de la course à pied pour améliorer sa condition physique, pour se vider la tête ou pour rivaliser avec un chrono, à force de multiplier les foulées, on finit par se poser des questions sur la meilleure façon de courir. Et quand il est question de biomécanique de la course, le choix du type d’attaque plantaire — talon ou avant-pied — est souvent au cœur des débats.
L’étude québécoise Influence of Sudden Changes in Foot Strikes on Loading Rate Variability in Runners publiée le 21 décembre 2024 révèle qu’il n’est pas toujours sage de vouloir changer sa foulée naturelle. Les chercheurs ont voulu savoir comment un changement brusque de type d’attaque plantaire affecte les forces exercées sur le corps et leur variabilité.
Le constat ? Passer du confort de son attaque habituelle à une technique imposée peut entraîner des surprises… et des risques.
Talon ou avant-pied, telle est la question
D’abord, un peu de contexte. Lorsqu’on court avec une attaque talon, le pied entre en contact avec le sol par le talon, ce qui génère un pic d’impact vertical dès le début de la phase d’appui. Ce pic est associé à des taux de charge élevés, qui peuvent augmenter le risque de blessures, notamment aux genoux. En revanche, une attaque avant-pied, où les orteils touchent le sol en premier, réduit ce pic d’impact, mais transfère plus de charge aux chevilles.
L’étude a réuni 27 coureurs récréatifs. Ces derniers ont d’abord couru avec leur schéma d’attaque habituel, puis avec une attaque imposée différente, le tout sur un tapis roulant instrumenté. Les scientifiques se sont surtout intéressés à deux indicateurs clés : le taux de charge verticale (la vitesse à laquelle la force augmente à l’impact) et la variabilité de ce taux entre les foulées.
Une variabilité qui pèse lourd
Les résultats indiquent que lorsqu’on impose une attaque talon aux coureurs habitués à une attaque avant-pied, la variabilité des forces est plus élevée. En d’autres termes, les impacts deviennent moins prévisibles et plus irréguliers. Cette variabilité accrue pourrait être synonyme de stress supplémentaire pour les muscles et les articulations, augmentant ainsi le risque de blessure.
À l’inverse, les adeptes de l’attaque talon qui passent à l’avant-pied voient leurs forces à l’impact diminuer, mais sans changement notable de la variabilité. Autrement dit, même si le changement de technique allège les charges globales sur le corps (sauf aux chevilles), la transition ne semble pas causer une instabilité supplémentaire.
Concrètement
Changer brusquement de technique de course, c’est comme porter des chaussures neuves sans les « casser » : ça peut faire mal. Les auteurs de l’étude insistent sur l’importance de l’adaptation progressive. Si vous êtes tenté de troquer votre attaque talon pour une attaque avant-pied (ou vice versa), prenez le temps de vous y habituer.
Une transition trop rapide risque d’entraîner des douleurs, voire des blessures, en raison des contraintes inhabituelles imposées à votre système musculo-squelettique.
Rappelons que chaque type d’attaque a ses avantages et inconvénients. Il n’existe pas de schéma de foulée convenant à tous les coureurs. Autrement dit, pas de solution universelle ! Votre choix devrait dépendre surtout de vos besoins biomécaniques. Dans le doute, consultez un professionnel de la biomécanique de la course à pied.
En course à pied, la prudence est de mise. Cette étude offre un rappel utile : le corps s’adapte lentement, et chaque changement de technique exige du temps et de l’écoute. Alors, que vous couriez sur vos talons ou sur la pointe des pieds, gardez un style adapté à votre évolution… et à vos sensations !
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