L’entraînement par intervalles en « 30 – 30 »
14 avril 2019
Guy Thibault
Très populaire, particulièrement en Europe, la séance d’entraînement par intervalles en mode 30-30 est efficace, peu importe le sport d’endurance que l’on pratique. Examinons cette formule… et un exemple de séance particulièrement motivante.
On appelle « 30-30 » la formule d’entraînement consistant à enchaîner des fractions d’effort de 30 s avec des périodes de récupération (active ou passive) de même durée. C’est une formule d’entraînement par intervalles (EPI) qui a fait ses preuves pour plusieurs activités aérobies comme la course à pied, le vélo, le ski de fond, le patin à roues alignées, etc.
En effet, des recherches révèlent que comparativement à l’entraînement continu et aux formules d’EPI comprenant de longues fractions d’effort, l’EPI en mode 30-30 s’accompagne d’une amélioration plus rapide et plus prononcée de l’aptitude aérobie et de la capacité anaérobie et, donc, de la performance dans les sports d’endurance.
La formule traditionnelle consiste à enchaîner les 30 s d’effort et les 30 s de récupération sans arrêt du début à la fin de la séance. Mais il est avantageux de regrouper les répétitions en séries pour s’allouer une période de récupération active ou passive plus longue entre les séries. Cela permet ou bien d’exécuter chaque fraction d’effort à intensité sensiblement plus élevée, ou de faire un plus grand nombre de répétitions, sans nécessairement se fatiguer davantage.
On peut imaginer une infinité de séances en mode 30-30. Celle proposée dans le tableau comprend 4 séries, chacune requérant exactement 10 min. La 1ère série comprend 9 répétitions (totalisant 9 min), suivies d’une récupération de 1 min. Le nombre de répétitions diminue progressivement d’une série à l’autre, alors que la durée de la récupération entre les séries augmente. Ainsi, la 2e série comprend 8 répétitions, suivies d’une récupération de 2 min. La progression arithmétique se poursuit, de sorte que la 3e série comprend 7 répétitions, suivies d’une récupération de 3 min. Enfin, vous enchaînez avec la 4e série : 6 répétitions, suivie d’une récupération de 4 min. Le tableau suivant résume la formule. (On s’échauffe préalablement pendant 5-20 minutes, et on peut s’allouer une période de retour au calme de quelques minutes.)
Série | Nombre de répétitions par série | Durée de chaque fraction d’effort (s) | Durée de la récupération après chaque répétition (s) | Durée de la récupération après la série (min:s) | Durée totale de la série (min:s) | Temps accumulé (min:s) |
1re | 9 | 30 | 30 | 1:00 | 10:00 | 10:00 |
2e | 8 | 30 | 30 | 2:00 | 10:00 | 20:00 |
3e | 7 | 30 | 30 | 3:00 | 10:00 | 30:00 |
4e | 6 | 30 | 30 | 4:00 | 10:00 | 40:00 |
Cette séance en mode 30-30 maximise les chances que votre motivation demeure présente jusqu’à la fin. En effet, au fur et à mesure qu’elle se déroule, les séries s’allègent.
Mais sa caractéristique la plus intéressante est qu’elle permet d’accumuler un volume élevé (30 répétitions, soit 15 min au total) d’exercice à intensité élevée sans nécessairement générer beaucoup de fatigue, car les périodes de récupération viennent vite.
Cette formule est propice au développement de la consommation maximale d’oxygène (VO2max), de l’efficacité et de la capacité anaérobie. Même pendant la récupération active, le système cardiorespiratoire est fortement sollicité, car vous devez alors « rembourser » la dette d’oxygène encourue pendant la fraction d’effort.
Attention ! Pendant une séance d’EPI en mode 30-30, il ne s’agit surtout pas d’effectuer des sprints à fond de train ! On y va mollo pendant les premières fractions d’effort, puis on augmente progressivement l’intensité au fil des répétitions tout en visant un degré global de difficulté qui est raisonnable, c’est-à-dire non maximal.
L’idéal est que nos deux ou trois dernières répétitions soient les plus intenses, et de les entamer avec toute l’énergie nécessaire, grâce à une progression préalable à la fois modérée et bien dosée. Quand on exécute nos séances en mode 30-30 sur parcours où il y a des arrêts aux intersections ou des descentes abruptes, on peut « sauter » autant de répétitions qu’il le faut, quitte à stopper le chrono, et reprendre dès que le terrain sera plus approprié.
En général, les sportifs font au maximum trois séances d’EPI par semaine, ou deux s’ils font aussi une longue sortie hebdomadaire, les autres jours étant réservés à la récupération active, à l’entraînement complémentaire (musculation, par exemple) ou à la récupération passive (jour sans entraînement). Ainsi, on peut faire chaque semaine une ou deux séances d’EPI en mode 30-30, et une séance d’EPI selon une autre formule.
Afin d’éviter les blessures, on doit suivre une progression lente en effectuant les répétitions de nos premières séances d’EPI en mode 30-30 à une intensité juste un peu plus élevée que celle de nos séances d’entraînement continu. Puis, de séance en séance, on augmente progressivement l’intensité des fractions d’effort, sans rien brusquer. Après quelques semaines, on peut ainsi exécuter nos séances d’EPI en mode 30-30 à un degré élevé de difficulté.
En EPI, les possibilités sont infinies. Il n’y a pas que les séances en mode 30-30 qui donnent de bons résultats. Pour découvrir d’autres formules intéressantes d’EPI, vous pouvez télécharger notre App d’EPI 3-2-1 Go !
Je suis un cycliste de niveau intermédiaire et je participe à des raids marathon au Québec(40-80 km). Auparavant j'étais en course en sentier.J’entreprends cette hiver un entrainement plus poussé de ma PMA à raison de 2 séances par semaine sur home-trainer en plus de mon entrainement foncier à l’extérieur(route-VTT et fatbike)Je suis perplexe devant la diversité des modalités que l’on peut mettre en place: Cela va du 15 sec-15, le 30-30 sec jusqu’à 4 x 8 min-2 min en passant par le 1 min-1 min et le Gimenez. Ma question maintenant: ces différentes modalités développent t’elle toutes également la PMA ou bien chacune privilégie un aspect différent de la PMA. Quelles méthodes à favoriser pour un développement optimal de la PMA?
je vous remercie pour le temps que vous prendrez afin de m’éclairer sur cette question.
Bonjour,
On comprend facilement que vous soyez perplexe devant la diversité des modalités que l’on peut mettre en place pour améliorer notre PMA. Présentement, il n’y a pas consensus sur cette importante question. En revanche, on a de bonnes raisons de penser ce qui suit.
• À degré de difficulté égal, les séances d’entraînement par intervalles (EPI) permettent d’accumuler plus de temps d’entraînement à intensité élevée, ce qui explique probablement pourquoi elles s’accompagnent d’améliorations plus rapides et plus prononcées des principaux déterminants de la performance en sports d’endurance : consommation maximale d’oxygène (VO2max), efficacité de la gestuelle, PMA, endurance, capacité anaérobie et composition corporelle.
• Afin de disposer de l’énergie dont on a besoin pour exécuter des séances intensives d’EPI, il faut éviter de faire trop fréquemment des séances prolongées d’entraînement continu.
• L’entraînement par intervalles courts (EPIC, où la durée des répétitions n’excède pas 20 s et où la récupération va de la même durée jusqu’au double; ex. : efforts de 15 s, avec une récupération de 15 ou de 30 s) présente des avantages particuliers, car il permet d’accumuler un très grand temps de travail à intensité élevée, sans que le degré global de difficulté ne soit nécessairement élevé.
• Même s’il sollicite principalement la filière énergétique anaérobie, l’entraînement supramaximal (où l’intensité des fractions d’effort est beaucoup plus grande que la PMA) permet d’améliorer efficacement le VO2max, la PMA et l’endurance, mais il n’est à la portée que des sportifs qui auront pris soin de suivre une progression suffisamment lente du volume de travail dans ces fenêtres supérieures d’intensité.
• Au fil des mois d’entraînement, il semble avantageux de mettre d’abord l’accent sur des fractions d’effort courtes et nombreuses (EPIC), puis d’augmenter leur durée tout en allongeant les périodes de récupération.
• Toutes les intensités d’entraînement ont leur valeur, y compris celles de seulement 75 à 90 % de la PMA, à condition que le volume soit suffisamment élevé; pour un degré donné de difficulté, on peut accumuler plus de temps d’entraînement à intensité faible, mais une durée donnée de travail à intensité élevée a un effet plus prononcé sur les qualités physiologiques. Voilà pourquoi toutes les intensités d’entraînement supérieures à approximativement 75 % de la PMA sont intéressantes.
Je souhaite le tout utile
Lecture suggérée : Thibault G (2009) Entraînement cardio. Sports d’endurance et performance, Vélo Québec Éditions; Collection Géo Plein Air, 264 p. http://www.velo.qc.ca/magazines/guides-livre/423-0/
Je souhaite le tout utile.
guy
merci beaucoup, votre réponse est apprécié!!!!
Bonsoir, j’espère que vous allez ajouter cette excellente séance à votre application 321go !
Merci d’avance.
Bonjour, Merci du bon mot. Nous songeons effectivement à ajouter quelques séances à l'application 3-2-1 Go! À suivre.
Bonsoir, j'aimerais savoir pour epi 30/30 s'il est plus efficace de faire la partie basse intensité en marchant ou en courrant. Merci
Bonjour, Comme vous le constaterez en examinant ceci : https://nature-humaine.ca/2020/06/epi-recuperation/ on n'a pas intérêt à chercher à maintenir une intensité trop élevée pendant les périodes de récupération. En misant sur une récupération à la marche plutôt qu'à la course entre vos fractions d'effort, vous récupérez davantage, ce qui vous permet ou bien de courir plus rapidement pendant les répétitions ou d'exécuter un plus grand nombre de répétitions. guy