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Comment attirer davantage de femmes dans les événements d’ultracyclisme ?

Cet article s’inscrit dans la continuité d’une première publication : La place des femmes en ultracyclisme, où on se penchait sur les raisons du faible taux de participation des femmes en ultracyclisme. Si l’article initial avançait quelques hypothèses et se voulait instigateur d’une réflexion au sein des organisations en cyclisme longue distance, il a surtout mis en lumière que les données pertinentes pour répondre à la problématique étaient insuffisantes. Ce constat m’a menée à lancer un sondage en ligne, dans le but de déterminer quelles mesures pourraient attirer davantage de femmes dans ces compétitions.

Détails du sondage et caractéristiques des répondantes

Adressé aux femmes ayant déjà participé à un événement d’ultracyclisme ou ayant un intérêt pour cette discipline, ce sont 78 répondantes qui ont pris le temps de remplir le questionnaire. De composition hiérarchique, ce sondage contenait plusieurs questions à choix multiples, dont la majorité incluait aussi un champ de réponse ouverte. Les répondantes sont de partout, mais surtout d’Europe, du Canada et des États-Unis. 70,5 % des répondantes ont affirmé avoir déjà participé à au moins un événement d’ultracyclisme, dont 60,0 % de 750 km ou plus, et près des trois-quarts se déroulaient en autonomie complète. L’âge des répondantes variait de « moins de 25 ans » à « plus de 60 ans », avec une concentration marquée de femmes âgées de 30 à 40 ans (42,3 %).

Ce que nous apprend le sondage sur la perception du sentiment de sécurité

Parmi les répondantes ayant déjà participé à un événement d’ultracyclisme, 43,6 % ont affirmé toujours se sentir en sécurité pendant celui-ci ; 36,3 % ont dit que la peur ressentie avant l’événement se dissipait une fois les premiers coups de pédale donnés (plusieurs éléments de réponse étaient permis). Plusieurs ont précisé que leur sentiment de sécurité variait selon les endroits et les pays où prenaient place la compétition. Pour celles qui ont exprimé des craintes, lorsqu’on leur a demandé à quoi celles-ci étaient dues, quatre aspects sortent du lot, dans l’ordre :

  • la crainte de ne pas être assez rapide pour satisfaire les délais imposés par l’événement ;
  • la peur de subir un accident ou de se blesser ;
  • la peur d’être agressée ;
  • la peur d’avoir à faire face à des animaux sauvages.

Quant aux femmes n’ayant jamais pris part à un événement d’ultracyclisme, les principales appréhensions mentionnées sont, en ordre décroissant d’importance :

  • la peur de rouler la nuit ;
  • les craintes de ne pas être assez rapide pour les délais de la course et de ne pas être à la hauteur ;
  • la peur de se faire agresser ;
  • les contraintes liées aux obligations familiales.

À noter aussi que dans le champ de réponse ouverte, d’autres obstacles ont été soulevés, tels que les coûts souvent élevés de ces épreuves, la privation de sommeil, les difficultés liées à la conciliation vie familiale-entraînement, et la crainte que l’événement ne soit pas en phase avec le cycle menstruel.

Suggestions concrètes pour un meilleur accès

Preuve d’un réel désir de mobilisation et de changement, 48,7 % des répondantes ont proposé des pistes de solutions en réponse ouverte à la fin du questionnaire, où on demandait si elles avaient des suggestions à faire aux organisateurs d’événements d’ultracyclisme ou aux administrations urbaines. Les propositions sont très riches et pertinentes ; certaines reviennent à maintes reprises.

Le fait de mettre davantage les femmes et les minorités de l’avant globalement a été soulevé dans la moitié des cas. Par exemple, lors de la promotion des événements d’ultracyclisme, lors de retours d’expérience ou encore, lors de l’inscription, réserver des places spécifiquement aux femmes et s’imposer des quotas, mais aussi s’assurer d’avoir une représentation féminine au sein de l’organisation. Il a aussi été mentionné que le fait de fournir une balise lors d’un événement était rassurant, mais, d’un autre côté, qu’il pouvait être insécurisant de se savoir suivie en temps réel. Peut-être que de n’être visible qu’à l’organisation ou en différé serait une bonne idée. On ajoute aussi que, dans le cas de parcours imposés, le fait d’éviter les endroits où le trafic est dense et ceux trop reculés dépourvus d’habitations et où la couverture cellulaire est incertaine, augmenterait le sentiment perçu de sécurité des participantes.

Enfin, il a été avancé à quelques reprises que des rabais offerts aux femmes et des choix de noms d’événements évitant une référence à la performance ou au genre (contenant les mots « course », « ultra » ou « man ») pourraient être des incitatifs à la participation féminine.

Enfin, deux autres suggestions s’adressant davantage aux administrations urbaines et aux décideurs ont été formulées : penser à créer plus d’infrastructures cyclables séparées des véhicules motorisés et faciliter l’utilisation des transports en commun avec son vélo (dans le cas d’un abandon, cela pourrait être très aidant).

Vers une discipline plus inclusive

Si plusieurs organisations sont très sensibles à la participation des femmes à leurs événements et, donc, mettent déjà de l’avant certaines mesures citées plus haut, souhaitons que cet article en convaincra encore davantage à y réfléchir et à agir, puisqu’elles ont désormais en main des leviers concrets. Espérons aussi que cette publication continue à alimenter et à enrichir les échanges sur le sujet pour qu’au final elle contribue à lever les barrières à la pratique féminine en ultracyclisme.


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Geneviève Healey

Fervente amatrice de données, ultracycliste à ses heures et instructrice de cardio-vélo à temps partiel, Geneviève carbure aux défis d’endurance. Elle rédige du contenu pour divers blogues, y décrivant entre autres ses aventures sportives, que vous pouvez suivre via @genevievehealey

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