Stabiliser le tronc pour mieux courir ?
30 juin 2019
Guy Thibault
On entend souvent des préparateurs physiques et des entraîneurs affirmer que le renforcement de nos muscles stabilisateurs du tronc est nécessaire si l’on veut bien courir.
Est-ce vrai ? Des recherches vont effectivement dans ce sens !
Le renforcement des muscles stabilisateurs a vraiment la cote depuis quelques années. C’est très ‘in’ ! Des coureurs qui ne faisaient pas de musculation ou qui suivaient des programmes traditionnels, se mettent à exécuter régulièrement des séances de renforcement des muscles stabilisateurs.
Les formules varient : callisthénie, yoga, TRX, etc. Et de nouvelles formules vont certainement apparaître encore et encore.
Nous, les coureurs, passons déjà pas mal de temps à nous entraîner en enchaînant nombre de foulées sur le bitume. D’où la question : est-il vraiment avantageux d’ajouter un complément à notre entraînement de course à pied (déjà volumineux et éprouvant) en exécutant des exercices de renforcement des muscles stabilisateurs qui coûtent du temps et de l’énergie ?
A priori, il existe au moins deux façons d’examiner cette idée. Primo, on peut vérifier si nos muscles stabilisateurs sont fatigués (moins forts) après une séance exténuante de course à pied. Deuxio, on peut vérifier si nous courons moins bien quand nos muscles stabilisateurs ont préalablement été fatigués.
Suivant ce raisonnement, dans The occurrence of core muscle fatigue during high-intensity running exercise and its limitation to performance : the role of respiratory work (2014), des chercheurs ont demandé à neuf personnes actives de prendre part, à deux reprises, à un test sur tapis roulant où elles devaient tenir le plus longtemps possible une intensité correspondant à 85 % de leur consommation maximale d’oxygène (VO2max). À la suite des tests de course à pied, la force des muscles posturaux des sujets avait subi une diminution très importante : 31 % ! Voilà une première indication que la force de ces muscles est un des déterminants de la performance en course à pied.
Avant l’un des deux tests, on a « fatigué » les muscles posturaux des sujets en leur faisant faire une séance d’exercices ciblant ces muscles : abdominaux transverses et obliques, érecteurs du rachis, muscles des hanches et du bassin. Dans ce test précédé d’une séance épuisante, la performance en course à pied était réduite de 39 %.
C’est énorme ! Voilà une deuxième indication que la force des muscles stabilisateurs posturaux est un des déterminants de la performance en course à pied.
Une autre recherche, The 400- and 800-m Track Running Induces Inspiratory Muscle Fatigue in Trained Female Middle-Distance Runners (2016), va dans le même sens. Dans ce cas-ci, ce sont les muscles de la respiration qui étaient ciblés. Les chercheurs ont mesuré la force des muscles inspiratoires de 18 coureuses de demi-fond avant et après une compétition de 400 et de 800 m. La diminution était importante : 9,3 % pendant la course de 400 m et 14,8 % pendant la course de 800 m. Ils concluent que les coureurs auraient avantage à effectuer régulièrement des exercices de renforcement des muscles inspiratoires (diaphragme, intercostaux, scalènes, etc.). À lire sur le sujet : Améliorez votre endurance en musclant vos poumons !
On trouve sur le marché des appareils (ressemblant à une pipe) qui, en gênant l’inspiration, imposent une importante sollicitation des muscles inspiratoires, ce qui permet de les renforcer.
Bref, on peut améliorer nos chances de succès en course à pied en intégrant à notre programme d’entraînement le renforcement de nos muscles posturaux et respiratoires.
Bonjour
Il me semble que la fatigue est plus liée à l’incapacité de fournir l’influx nerveux nécessaire que le muscle à produire l’effort 🤔
Bonne journée