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Un granité (barbotine/slush) pour éviter la surchauffe au triathlon

Le triathlon est souvent pratiqué sous des températures élevées. Cela peut poser un problème pour les triathloniens des pays nordiques qui n’ont pas toujours la possibilité de s’acclimater à la chaleur. Et l’on sait qu’une élévation prononcée de la température corporelle peut diminuer l’activation nerveuse et musculaire et, de ce fait, réduire la performance.

Parmi les stratégies de refroidissement susceptibles d’atténuer l’effet de la chaleur et ainsi permettre aux athlètes de mieux performer, l’ingestion de boissons congelées apparait comme une stratégie gagnante.

Les auteurs de l’étude Ice slurry ingestion during cycling improves Olympic distance triathlon performance in the heat (2013) ont examiné l’effet de l’ingestion d’une boisson sportive congelée sous forme de granité (ou barbotine/slush) sur la performance à un triathlon de distance olympique effectué à plus de 30 °C.

Neuf triathloniens très entraînés (âge moyen : 29,1 ans ± 3,6) ont participé, à un intervalle de 7 à 10 jours, à deux simulations d’un triathlon de distance olympique sous des températures de 32 à 34 °C. Pendant l’effort, ils ont consommé, à raison de 10 g par kilogramme de poids corporel, une boisson sportive (marque Gatorade) sous forme congelée (< 1 °C) dans la première simulation (condition expérimentale) et à température de la pièce (30 °C) dans l’autre (condition témoin). Ces boissons ont été consommées entre les 17e et 44e minutes de la partie vélo.

L’intensité de l’effort a été standardisée pour la nage et le vélo. Ainsi, les athlètes ont nagé sur une distance de 1500 m à une intensité correspondant à 90 % de leur vitesse moyenne maximale pour cette distance. Pour la partie vélo, ils ont suivi un protocole précis composé de 4 blocs de 15 minutes (8 minutes à 50 % du 1er seuil ventilatoire, 3 minutes à 50 % du 2e seuil ventilatoire, 2,5 minutes à 75 % du 2e seuil ventilatoire et 1,5 minute à 75 % de la puissance aérobie maximale) afin de reproduire la répartition d’intensité à laquelle on peut s’attendre dans une compétition où le sillonnage (« drafting ») est permis. Les athlètes ont ensuite couru 10 km sur un tapis roulant à la vitesse la plus élevée possible. Avant chaque triathlon, les sujets ont bu 500 ml d’eau tiède (18 °C) afin de standardiser le niveau d’hydratation. Ils avaient aussi la permission de boire de l’eau tiède à volonté pendant la partie vélo, ainsi qu’à chaque 2 km de la partie course à pied. Les participants pouvaient consommer de gels de glucides à volonté. Les quantités de liquide et de gels consommées ont été les mêmes dans les deux simulations.

Comparativement à l’ingestion d’une boisson sportive à température ambiante (condition témoin), l’ingestion d’une boisson congelée (condition expérimentale) s’est accompagnée, dans la partie course à pied :
• d’une performance supérieure de 2,5 %,
• d’une température gastrique et d’un stress thermal perçu significativement moins élevés,
• d’une vitesse plus élevée pendant les 5 derniers kilomètres,
• d’une consommation d’oxygène (VO2) plus élevée dans les 500 derniers mètres.

En conclusion, les triathloniens auraient avantage à consommer une boisson pour sportifs congelée sous forme de granité lorsqu’ils font un triathlon de distance olympique dans des conditions de température élevée.

La quantité consommée pourrait être d’environ 10 g par kilogramme de poids corporel, selon la tolérance de chaque athlète ; des essais devraient d’ailleurs être effectués pendant l’entraînement afin de déterminer la quantité optimale ne provoquant pas d’inconfort digestif.

Selon les auteurs, la boisson peut rester congelée pendant 60 à 70 minutes dans une gourde thermique de 750 ml conçue pour un porte-bidon cycliste.


Avec la participation de Kathryn Adel et Myriam Paquette


Lectures suggérées
Ice slurry ingestion increases running time in the heat (2011)
Pre-cooling for endurance exercise performance in the heat : A systematic review (2012)


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Guy Thibault

Professeur associé à l'École de kinésiologie et des sciences de l'activité physique, Faculté de médecine de l’Université de Montréal, Guy a été, de 2017 à 2022, directeur des Sciences du sport de l’Institut national du sport du Québec. Ses deux derniers livres sont des succès de librairie : Entraînement cardio, sports d’endurance et performance ; et En pleine forme, conseils pratiques pour s’entraîner et persévérer.

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