Une augmentation de la fréquence cardiaque de repos matinale serait un indicateur de surentraînement
30 mai 2016
Xavier Bonacorsi
Chez les athlètes d’endurance, il est bien établi qu’une basse fréquence cardiaque de repos prise le matin (FCr) témoigne d’une bonne condition cardiovasculaire. Plusieurs athlètes d’endurance ont une FCr inférieure à 50 bpm, voir inférieure à 40 bpm. Cette adaptation cardiovasculaire liée à l’entraînement en endurance est ce que l’on appelle la « bradycardie de l’athlète ».
Cependant, en réponse à une période d’entraînement intensif, il arrive parfois que la FCr augmente.
Dans une étude menée par l’équipe du Dr. Dressendorfer (Increased Morning Heart Rate in Runners : A Valid Sign of Overtraining ?), on a voulu déterminer si une augmentation de la FCr pouvait être un indicateur permettant de détecter de manière précoce l’apparition du syndrome de surentraînement. Les auteurs ont suivi 12 marathoniens prenant part à une compétition de 500 km sur route tenue sur 20 jours. Cette charge de travail représentait une moyenne de 28 km par jour, soit plus du double de la distance habituellement parcourue quotidiennement par ces coureurs. Les sujets étaient âgés de 23 à 60 ans et leur distance moyenne d’entraînement était de 96 km par semaine ; et six d’entre eux, représentatifs du groupe, affichaient un VO2max moyen de 63,1 ml/kg/min.
Différentes mesures ont été effectuées entre 7h00 et 8h30 lors de 9 matins différents, soient les jours 1, 2, 5, 8, 10, 13, 14, 17 et 20. Divers paramètres sanguins, la pression artérielle, la température orale, et la masse corporelle furent analysés afin de déterminer si ces éléments pouvaient être liés à l’augmentation de la FCr des coureurs. Les seuls changements significatifs, observés dès la première semaine, furent une élévation de l’activité de la créatine kinase et une diminution de la quantité de globules rouges, tous deux des indicateurs de surentraînement. Aucuns des autres résultats ne purent être corrélés ni à l’augmentation de la FCr, ni à une condition de surentraînement. Les seuls autres signes (subjectifs) observés qui sont généralement associés à un surentraînement furent des douleurs musculaires persistantes et un état de fatigue chronique.
Au jour 1 de l’étude, la valeur moyenne de la FCr était de 59 bpm. Elle s’est vue diminuer à 53 bpm le jour 8, pour ensuite remonter à 63 bpm au dernier jour, soit une augmentation de 10 bpm, par rapport à la plus basse valeur observée.
Ces résultats suggèrent qu’une période d’entraînement particulièrement intensif de plus d’une semaine puisse susciter l’apparition du syndrome de surentraînement et qu’une rapide élévation de la FCr puisse être un bon indicateur de surentraînement.
Le « monitoring » de la FCr serait donc un outil très utile, et simple, dans le diagnostic ou la prévention du surentraînement chez les athlètes d’endurance.
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