On peut penser qu’adopter et maintenir un mode de vie physiquement actif exige d’être bien motivé. Mais la motivation, c’est quoi en réalité ?
C’est justement la question sur laquelle des experts québécois (dont mon collègue au sein de Nature-Humaine, Guy Thibault) se sont penchés. Leur avis scientifique intitulé La motivation – Un élément essentiel pour une population québécoise physiquement active (2023, bientôt en ligne sur le site du ministère de l’Éducation du Québec) décrit les différents aspects de la motivation.
L’un des faits saillants de cet avis est qu’on y distingue la motivation intrinsèque (pour le plaisir) et la motivation extrinsèque (pour des récompenses externes).
L’engagement durable vis-à-vis d’un mode de vie physiquement actif est impossible sans motivation intrinsèque. Mais il ne faut pas penser que la motivation extrinsèque est sans valeur. Souvent, c’est cette dernière qui permet de s’initier à un programme de mise en forme.
Même les personnes qui pratiquent régulièrement des activités physiques, sportives ou non, peuvent craindre de subir une réduction de leur motivation. D’ailleurs les auteurs de l’avis insistent sur le fait que la motivation n’est pas statique : elle peut être développée et elle peut être influencée par divers facteurs.
On a trop souvent tendance à penser que ce sont uniquement des facteurs individuels qui déterminent le niveau de motivation. Comme s’il suffisait de se discipliner, de s’ordonner de bouger. Ça ne fonctionne pas comme cela ! En réalité, les déterminants de la motivation sont variés et multiples. Et les facteurs environnementaux sont souvent bien plus importants que les facteurs individuels. Les principales catégories de facteurs environnementaux qui influencent la motivation à la pratique régulière d’activités physiques sont les suivantes :
- L’environnement social (exemple : le soutien de la famille et des amis)
- L’environnement physique (exemple : l’accès à des installations sportives de qualité)
- L’environnement politique (exemple : des politiques publiques qui encouragent l’activité physique)
- L’environnement économique (exemple : le coût abordable des activités physiques)
- L’environnement culturel (exemple : la valeur accordée au sport dans la société)
La combinaison de ces facteurs environnementaux avec les facteurs individuels comme la motivation personnelle détermine largement l’engagement d’une personne dans la pratique régulière d’activités physiques bénéfiques pour la santé.
Revenons aux déterminants personnels. La pratique régulière d’activités physiques passe surtout par le fait de combler trois besoins psychologiques fondamentaux que sont la compétence, l’autonomie et l’appartenance sociale. Ces besoins, lorsqu’ils sont satisfaits, favorisent participation active (et souriante !) et une motivation intrinsèque durable.
On dit souvent que pour se motiver à bouger, il faut miser sur le plaisir davantage que l’apparence corporelle et la santé. C’est vrai. Mais n’oublions pas la satisfaction !
La satisfaction et le plaisir sont deux conséquences distinctes de la pratique d’une activité physique, bien qu’ils puissent souvent être confondus. La satisfaction se réfère à un sentiment de réalisation ou d’accomplissement après avoir relevé un défi ou atteint un objectif. C’est un sentiment plus profond et à long terme, souvent lié à la progression personnelle ou au dépassement de ses limites. À l’inverse, le plaisir est une sensation agréable et immédiate, souvent associée au divertissement ou à l’amusement pendant l’activité elle-même.
Pour illustrer la différence entre la satisfaction et le plaisir dans le cadre de l’activité physique, prenons l’exemple de la course à pied sous la pluie. Ce n’est généralement pas perçu comme une activité plaisante : vêtements mouillés, visibilité réduite, risque accru de glisser ou de geler, etc. Cependant, terminer une séance de course à pied sous la pluie peut procurer un profond sentiment de satisfaction. Ce sentiment découle de la capacité à persévérer malgré l’inconfort et les conditions adverses.
Si vous sortez courir en dépit des intempéries, vous vous sentez fier de votre engagement et de votre résilience. Et cette expérience renforce votre confiance en vous et votre détermination.
En somme, alors que le plaisir peut faire défaut durant l’activité elle-même, la satisfaction obtenue après coup peut être significativement plus grande, résultant d’un sentiment d’accomplissement et de dépassement de soi. D’où une motivation accrue.
Partant des concepts avancés dans l’avis scientifique, on peut penser à des applications pratiques pour vous aider à rester motivé dans vos activités physiques ; par exemple les trois suivantes.
- Développement d’objectifs personnalisés : Fixez-vous des objectifs d’exercice qui sont significatifs et adaptés à vos intérêts personnels, renforçant ainsi votre motivation intrinsèque.
- Création de groupes de soutien : Engagez-vous dans des activités physiques en groupe pour renforcer votre sentiment d’appartenance sociale et de soutien mutuel.
- Focus sur la satisfaction tout autant que le plaisir : Orientez l’exercice vers des activités qui vous procurent du plaisir et de la satisfaction, plutôt que vous concentrer uniquement sur les résultats ou les performances.
Ces applications visent à intégrer l’aspect psychologique de la motivation dans la pratique régulière d’activités physiques.
En somme, cet avis scientifique offre une perspective enrichissante sur la manière d’aborder la motivation dans le domaine de l’activité physique, en mettant l’accent sur des approches plus nuancées et personnalisées pour nous aider à être physiquement actifs… pour la vie !
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