Laisser sortir un vrai bon juron augmente la tolérance à la douleur
31 octobre 2021
Xavier Bonacorsi
C’est un secret pour personne, et on le vit tous régulièrement : laisser sortir un gros mot quand une douleur se manifeste contribue à la rendre plus tolérable. Dans une récente étude, Swearing as a Response to Pain : Assessing Hypoalgesic Effects of Novel “Swear” Words (2020), des chercheurs de l’Université Keele au Royaume-Uni ont observé que pour bénéficier au maximum de l’effet hypoalgésique d’un juron, celui-ci doit être authentique : les tabarnouches ou les câlines (ou bien les purées, pour nos lecteurs de l’Hexagone) n’ont pas l’effet d’un vrai bon juron.
Dans leur étude (en langue anglaise), le « vrai juron » utilisé fut l’universel et très populaire « fuck ». Les 92 participants devaient tremper une main dans un bain d’eau glacée (de 3 à 5 °C) le plus longtemps possible, tout en répétant à toutes les 3 secondes, l’un des 4 mots suivants : fuck , fouch, twizpipe, et un mot neutre de leur choix qui leur faisait penser à une table.
Ceux qui répétaient le « f-word » ont vu leur seuil de la douleur augmenter de 32 % et leur tolérance à la douleur augmenter de 33 %, comparativement à ceux qui répétaient leur mot neutre.
Ce sont des augmentations considérables ! Quant à ceux qui juraient avec les deux succédanés, aucune différence significative ne fut observée, toujours comparativement à ceux qui répétaient leur mot neutre.
En se basant sur plusieurs études dont les résultats ont révélé des augmentations du rythme cardiaque et de la respiration lorsque les sujets juraient durant la douleur (même si dans la leur de telles augmentations n’ont pas été observées), un des chercheurs avance que jurer nous enverrait une petite secousse qui ferait augmenter notre rythme cardiaque et notre fréquence respiratoire. Ce qui procurerait la force (et l’adrénaline) nécessaires afin surmonter plus facilement un épisode stressant. Un peu comme la réponse du fight-or-flight (combat-fuite) qui s’installe lorsqu’on est confronté à une menace.
Quel serait d’après vous l’équivalent québécois ou français qui aurait autant de succès ? Certainement pas torbinouche ou punaise !
Une version abrégée sur le même thème a initialement été publiée dans le Magazine ESPACES
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