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À l’effort, porter un masque a-t-il des impacts physiologiques ?

Porter un couvre visage pendant une séance d’entraînement (ou pendant un travail physiquement exigeant) est-il nocif ?

On peut redouter que l’air qui entre dans les poumons contienne moins d’oxygène (hypoxie) et plus de dioxyde de carbone (hypercapnie). Cela pourrait avoir pour conséquence que l’hémoglobine transporte alors moins de précieuses molécules d’oxygène vers les muscles qui en réclament ! On peut aussi se demander si cela s’accompagne de risques pour la santé.

En 2018, Effet du port d’un masque de soins lors d’un test de marche de six minutes chez des sujets sains indiquait que porter un couvre-visage pendant un test maximal de marche de six minutes accroît la sensation de gêne respiratoire (dyspnée), sans toutefois affecter le résultat au test d’aptitude (la distance franchie par les patients pendant le test demeurait la même, qu’ils portent un masque ou non).

La même année, le mémoire de maîtrise Contraintes physiologiques associées au port d’un appareil de protection respiratoire de type P100 selon l’intensité physique et la température ambiante faisait ressortir que porter un masque de protection respiratoire pendant un effort d’intensité moyenne, comme c’est souvent le cas chez les travailleurs de la construction, s’accompagne d’une augmentation de la fréquence respiratoire, de la pression en fin d’expiration, et de la perception de l’effort. L’étude n’indique toutefois pas d’effets du port du masque de protection respiratoire sur la fréquence cardiaque, la température interne, l’oxygénation cérébrale et le temps de réaction.

L’étude canadienne Facemasks and the Cardiorespiratory Response to Physical Activity in Health and Disease qui, à la fin de 2020, était en voie d’être publiée, va dans le même sens : « Dans l’ensemble, les données disponibles suggèrent que bien que la dyspnée puisse être augmentée et que cela puisse modifier l’effort perçu, les effets sur le travail de la respiration, les gaz sanguins et d’autres paramètres physiologiques imposés par les masques faciaux pendant l’activité physique sont faibles, souvent trop petits pour être détectés, même pendant exercice très intense ».

Mais qu’en est-il quand l’intensité de l’exercice est plus élevée, comme en entraînement sportif ?

On s’adapte à la limitation du flux d’air imposée par un masque notamment par l’augmentation de notre fréquence respiratoire. Or, pendant une séance d’entraînement intensif, la fonction respiratoire est déjà très sollicitée. Est-ce qu’on peut alors compenser aussi facilement ?

L’étude menée auprès de non-athlètes en bonne santé parue en 2020 Effects of Surgical and FFP2/N95 Face Masks on Cardiopulmonary Exercise Capacity indique qu’à intensité maximale, la ventilation (volume d’air qui passe dans les poumons) et la performance sont réduites par le masque chirurgical (8,8 % et 4,5 %, respectivement), et sont altérées de façon plus importante par le masque FFP2/N95 (12,6 % et 13,1 %, respectivement). L’inconfort général augmente de 2,4 points sur 10 avec le masque chirurgical, et de 4,2 points avec le masque FFP2/N95.

On conclut que sur le plan respiratoire, il n’est pas possible de compenser totalement la limitation du flux d’air si l’intensité est élevée.

Pour l’instant, on peut penser que le port d’un masque antiviral pendant une séance d’activité physique accentue la perception de l’effort et augmente les fréquences respiratoire et cardiaque d’une façon généralement bien tolérée, sans affecter la performance de plus d’approximativement 15 %.

Reste à vérifier si cette conclusion s’applique également aux athlètes de haut niveau s’entraînant à intensité très élevée.


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Xavier Bonacorsi

Photographe, kinésiologue, constructeur et disciple de la maxime : « la vie se passe dehors »; Xavier écrit pour divers magazines de photographie, d'entraînement, de santé et de plein-air. Vous pouvez suivre ses aventures : @xavierbonacorsi

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