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Cesser de fumer grâce à l’activité physique ?

Est-ce que l’exercice physique peut aider une personne à cesser de faire usage du tabac ? Oui ! En fait, les recherches indiquent qu’augmenter le niveau d’activité physique facilite la cessation tabagique, sans toutefois garantir le succès.

En effet, une vingtaine d’études expérimentales ont révélé et confirmé qu’une période d’activité physique réduit le désir de fumer et les symptômes de sevrage chez des fumeurs abstinents. Ces recherches montrent qu’après une période allant jusqu’à 17 heures sans fumer, les fumeurs éprouvent une moins grande envie de fumer, et moins de symptômes de sevrage et de pensées négatives pendant et jusqu’à 30 minutes après la période d’exercice physique.

Ces effets bénéfiques se manifestent clairement pour l’activité physique d’intensité moyenne et élevée, et pour des durées allant de cinq minutes d’exercice isométrique assis, à une trentaine de minutes d’activité physique aérobie d’intensité moyenne. Des périodes courtes d’activité physique pourraient donc donner d’aussi bons résultats que de plus longues périodes.

Gain de poids

La crainte de la prise de poids est l’une des principales raisons invoquée pour ne pas cesser de fumer. Selon une revue bibliographique :

1) le risque de prise de poids est plus élevé durant les deux premières années suivant la cessation tabagique ;

2) en moyenne, les personnes ayant cessé de fumer prennent de 5 à 6 kg, mais la variabilité interindividuelle est très grande ;

3) globalement, les femmes sont plus susceptibles de prendre du poids lors de la cessation tabagique que les hommes ;

4) les ex-fumeurs qui prennent le moins de poids sont ceux qui pratiquent des activités physiques, qui sont plus âgés et qui ont un indice de masse corporelle plus élevé ;

5) l’augmentation de la circonférence de la taille est plus prononcée chez les personnes qui avaient une consommation de tabac initiale élevée et qui réduisent le plus leur niveau d’activité physique.

Dans une étude, le groupe faisant de l’activité physique a pris moins de poids que le groupe ayant bénéficié d’un programme de changement de comportement. Si cet avantage ne ressort pas dans toutes les autres études, c’est sans doute parce qu’elles comportaient également l’utilisation de patchs de nicotine, ce qui a pu réduire l’effet potentiel de l’activité physique sur la prise de poids.

Le gain de poids peut évidemment être la conséquence d’une augmentation de l’apport alimentaire et d’une diminution de l’activité physique. Mais attention ! Même sans modification de la diète et du niveau d’activité physique, cesser de fumer peut s’accompagner d’un gain de poids dû à la diminution transitoire du métabolisme de repos et du coût énergétique associé à la digestion des aliments.

Adolescence

Alors qu’une étude n’a pas révélé d’effet de l’activité physique d’intensité moyenne sur le désir de fumer des adolescents, deux recherches prospectives ont révélé qu’un niveau d’activité physique plus élevé est associé à un risque moins élevé de se mettre à faire usage de produits du tabac pendant l’enfance et à l’âge adulte. Une étude réalisée aux États-Unis auprès de 12 272 élèves du secondaire indique que les jeunes membres d’une équipe sportive sont moins susceptibles de fumer la cigarette. À noter cependant que l’association négative entre le tabac et l’activité physique semble être moins prononcée chez les enfants et les adolescents que chez les adultes.

Grossesse

Des femmes enceintes ayant bénéficié d’un soutien à la cessation tabagique, de conseils personnalisés et d’un programme d’exercice physique déclaraient que le programme les avait aidées à contrôler leur poids, à diminuer leurs envies de fumer et à augmenter leur niveau de confiance envers la cessation. Au huitième mois de grossesse, une femme sur quatre avait complètement cessé de fumer. Ces dernières avaient également atteint l’objectif de pratiquer 110 minutes d’activité physique par semaine à la fin du traitement.

Plaisir

Si l’activité physique aide les ex-fumeurs à ne pas recommencer à fumer, c’est peut-être notamment parce qu’elle s’accompagne de la production d’endorphines. Les endorphines sont en quelque sorte des hormones du plaisir. Elles sont très bénéfiques pour l’organisme. En plus de renforcer le système immunitaire, elles protègent du stress, favorisent la bonne humeur et provoquent un sentiment d’euphorie. Privée de nicotine, une personne qui a cessé de fumer peut en quelque sorte atténuer le « déplaisir » découlant du sevrage en profitant des effets d’une activité aérobie (jogging, vélo, natation, ski de fond, etc.) sur la production d’endorphines.

Avec la participation de Mélanie Lemieux, M.Sc.


Lectures suggérées
Smoking and physical activity : A systematic review (2000)
Exercise interventions for smoking cessation (2014)


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Guy Thibault

Professeur associé à l'École de kinésiologie et des sciences de l'activité physique, Faculté de médecine de l’Université de Montréal, Guy a été, de 2017 à 2022, directeur des Sciences du sport de l’Institut national du sport du Québec. Ses deux derniers livres sont des succès de librairie : Entraînement cardio, sports d’endurance et performance ; et En pleine forme, conseils pratiques pour s’entraîner et persévérer.

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