Contre-la-montre : il ne serait pas plus avantageux de pédaler à intensité constante
25 mai 2017
Guy Thibault
Selon plusieurs recherches, dans un contre-la-montre cycliste où la distance est supérieure à 4 km, une distribution uniforme de la puissance de pédalage serait la meilleure stratégie. Certains auteurs affirment, au contraire, qu’une telle stratégie mènerait à l’apparition d’une fatigue précoce, donc à une moins bonne performance. Le but de l’étude, The effect of an even-pacing strategy on exercise tolerance in well-trained cyclists (2013), était de comparer la performance au contre-la-montre de 20 km selon que la puissance de travail est constante ou non.
Les 15 cyclistes qui ont participé à l’étude avaient un VO2max moyen de 4,80 L/min. Ils ont d’abord effectué trois contre-la-montre de 20 km simulés en laboratoire, avec pour consigne de parcourir la distance le plus rapidement possible. La puissance moyenne du meilleur test a été retenue pour les deux tests subséquents. Dans l’un de ces tests, les sujets devaient essayer de tenir cette puissance moyenne sur au moins 20 km, sans avoir la possibilité de varier leur puissance de pédalage (ils avaient toutefois la possibilité de changer de cadence comme bon leur semblait). Dans l’autre test, les sujets devaient viser globalement la puissance moyenne de leur meilleur test préalable, et ils pouvaient varier leur puissance de pédalage tout au long du test.
Résultats
Neuf des quinze participants n’ont réussi à faire que 51 % à 83 % des 20 km à la puissance imposée, et ces mêmes sujets ont aussi échoué au test où ils étaient libres de varier leur puissance de pédalage, d’où l’intérêt de comparer le profil d’évolution de l’intensité de ceux qui ont réussi ou échoué. Ceux qui ont complété l’épreuve avaient appliqué une stratégie plus conservatrice au début du test : globalement, ils ont effectué les 6 premiers kilomètres à une puissance 1 % à 4 % inférieure à la puissance moyenne visée. Au contraire, ceux qui ont échoué avaient misé sur un départ à intensité supérieure à l’intensité moyenne visée : les 6 premiers kilomètres parcourus à une puissance 1 % à 2 % supérieure à la puissance moyenne visée.
Les auteurs affirment que ces résultats jettent un doute sur la valeur de la stratégie consistant à tenir la même intensité tout au long d’un contre-la-montre cycliste.
On peut penser que pour une course d’une vingtaine de kilomètres sur un parcours plat et sans vent, les cyclistes auraient avantage à miser sur un départ conservateur. Chose certaine, sur un parcours vallonné ou venteux, il est préférable d’intensifier le pédalage en montée et en vent de face (quitte à la réduire en descente et en vent de dos) plutôt que de chercher à pédaler à une puissance fixe tout au long de l’épreuve.
Avec la participation de Joanie Caron
Lectures suggérées
Complex interplay between determinants of pacing and performance during 20-km cycle time trials (2012)
The effect of self- even- and variable-pacing strategies on the physiological and perceptual response to cycling (2012)
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