Boire quand la soif se fait sentir, pas avant !
28 novembre 2016
Xavier Bonacorsi
Bien s’hydrater est une préoccupation de premier ordre pour tout athlète d’endurance.
Jusqu’au début des années 1970, la recommandation qui faisait consensus était de s’abstenir de boire ou de boire le moins possible durant l’exercice et les compétitions. En 1996, on adoptait une position inverse en suggérant aux athlètes de boire la plus grande quantité de liquide possible, à un rythme égalant celui de la perte de liquide par la transpiration, en prenant soin d’éviter l’inconfort gastro-intestinal.
Tim Noakes, l’auteur de la revue bibliographique Hydration in the Marathon, using thirst to gauge safe fluid replacement (2007), présente des arguments en faveur d’un autre revirement, qui conduirait à un juste milieu. Il avance que les études sur lesquelles fut basée la recommandation de boire à profusion afin de maintenir une continuelle restauration des fluides corporels ne tiennent pas compte du fait que boire à la limite du tolérable peut affecter la performance (le poids corporel demeure élevé) et augmenter le risque de développer une hyponatrémie. De plus, il note qu’aucune étude n’a pu faire de lien entre la perte de poids chez les athlètes qui boivent peu durant un triathlon et des complications médicales, ou entre le taux de déshydratation des triathloniens qui se servent de la soif pour réguler leur apport en fluide et des complications médicales ou une contreperformance, et ce, malgré le fait qu’ils terminent la compétition avec une température rectale et une fréquence cardiaque plus élevées que ceux qui boivent davantage que leur soif leur dicte. Plusieurs études ont plutôt démontré que les triathloniens ayant perdu le plus de poids durant la compétition terminaient plus rapidement que ceux ayant perdu peu de poids ou ayant pris du poids.
L’auteur voit même un lien entre l’apparition des boissons sportives énergétiques en 1965 et le développement de la recommandation de boire régulièrement durant l’exercice. Tout au long de cette revue, l’auteur avance l’idée que l’espèce humaine s’est développée dans des conditions environnementales chaudes et sèches, et que le corps humain est donc apte à soutenir des efforts de longue durée sans apport liquidien régulier, sans trop de risque de complications médicales.
Il croît fermement que les athlètes d’endurance, particulièrement les marathoniens, peuvent parfaitement se fier à la sensation de soif pour réguler l’apport en liquide, sans risque de contreperformance.
Il conclut que les recommandations actuelles devraient faire l’objet d’une sérieuse réévaluation. Des études plus spécifiques sur les mécanismes de la soif et ses conséquences sur la santé et la performance pourraient certainement conduire à de nouvelles recommandations pouvant profiter aux athlètes d’endurance.
Mise en garde
certaines personnes ressentent beaucoup moins la soif que d’autres. Celles-ci pourraient donc souffrir de déshydratation si elles ne se fient qu’à leur soif pour s’hydrater. Vous pouvez trouver des conseils sur l’hydratation adéquate et sur comment évaluer votre propre hydratation minimale, à la fin de l’article suivant : H2O : trop, aussi dommageable que pas assez.
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