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Armstrong dopé (aussi) « naturellement » ?

Peu importe l’opinion que l’on peut avoir sur les tricheries de Lance Armstrong, il demeure qu’avant son terrible cancer, il excellait surtout dans les épreuves d’un jour – il a notamment été champion du monde de 1993 – et non pas dans les Grands Tours. Au sortir de son traitement, soit une orchiectomie unilatérale (ablation d’un testicule), ses résultats au Tour de France (bien qu’annulés aujourd’hui pour les raisons que l’on sait) exigeaient bien des qualités physiques que n’ont pas nécessairement les spécialistes des classiques d’un jour.

Partant de cette observation, des chercheurs du Wisconsin, Craig S. Atwood, et Richard L. Bowen ont soulevé une hypothèse inusitée (ou complètement dingue !). Dans leur étude Metabolic clues regarding the enhanced performance of elite endurance athletes from orchiectomy-induced hormonal changes (2007), ils rappellent que pour maintenir leur niveau de testostérone, les hommes qui n’ont qu’un testicule, après un accident ou une intervention chirurgicale, profitent d’une sécrétion accentuée d’hormones par l’hypophyse (glande au centre du cerveau) : gonadotrophines, FSH, LH et prolactine.

Or, ces hormones agissent sur le métabolisme en faveur de la récupération et de la performance :

  • préservation des réserves de glycogène musculaire (le supercarburant du muscle, dont les réserves sont limitées), grâce à l’utilisation accrue des acides gras libres par les muscles ;
  • amélioration de l’aptitude à « réparer » les muscles après l’effort ;
  • augmentation du taux de globule rouge dans le sang (effet semblable à l’EPO) ;
  • augmentation du volume de certaines cellules musculaires (fibres à contraction rapide à pouvoir oxydatif élevé).

Bref, moins de fatigue, plus d’endurance, récupération accélérée, meilleur transport de l’oxygène et plus grande facilité à maigrir.

Mais attention ! S’il est vrai que la cascade d’ajustements hormonaux et métaboliques qui suivent l’ablation du testicule a contribué au succès d’Armstrong, il demeure que la réussite sportive à ce niveau exige un degré extrême de talent, de motivation et d’entraînement, sans compter un encadrement médical et professionnel sans faille.

Alors messieurs, n’allez pas croire que les hauts sommets de la performance seront d’emblée à votre portée dès lors que l’on vous aura retiré un testicule !


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Guy Thibault

Professeur associé à l'École de kinésiologie et des sciences de l'activité physique, Faculté de médecine de l’Université de Montréal, Guy a été, de 2017 à 2022, directeur des Sciences du sport de l’Institut national du sport du Québec. Ses deux derniers livres sont des succès de librairie : Entraînement cardio, sports d’endurance et performance ; et En pleine forme, conseils pratiques pour s’entraîner et persévérer.

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