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Surpoids vs inaptitude cardiorespiratoire

Il est maintenant établi que l’activité physique et l’aptitude aérobie sont associées à une réduction importante des risques d’être atteint de certains problèmes de santé qui affectent plus particulièrement les personnes qui ont un surplus de graisse.

En effet, des études épidémiologiques ont démontré que l’espérance de vie des personnes qui ont un surplus de poids, mais qui sont physiquement actives et dont la fonction cardiorespiratoire est bien développée, est meilleure que celle des personnes sédentaires.

Il existe une relation inverse entre l’aptitude aérobie et la mortalité (toutes causes confondues ou liées aux maladies cardiovasculaires).

Dans une étude, on a calculé les taux de mortalité ajustés selon l’âge pour toutes les catégories d’aptitude aérobie – faible, moyenne et élevée – chez 10 224 hommes et 3 120 femmes. Pour toutes les catégories d’indice de masse corporelle (IMC, soit < 20 kg/m2, 20 à 25 kg/m2, > 25 kg/m2), les hommes et les femmes les moins en forme sur le plan cardiorespiratoire avaient des taux de mortalité plus élevés que la moyenne des participants et que ceux possédant une grande aptitude cardiorespiratoire. Les hommes ayant une bonne aptitude cardiorespiratoire et un IMC plus grand ou égal à 25 kg/m2 avaient un taux de mortalité toutes causes confondues ajusté selon l’âge de 20/10 000 années-personnes d’observation, alors que celui des hommes se situant dans la même catégorie d’IMC, mais présentant une mauvaise aptitude cardiorespiratoire, était de 48/10 000 années-personnes.

Une autre étude menée auprès de 25 714 hommes révèle qu’une faible aptitude cardiorespiratoire constitue une importante variable explicative de la mortalité, les risques relatifs qui y sont liés étant comparables, voire supérieurs, à ceux du diabète de type 2, un taux de cholestérol élevé et le tabagisme. Chez les 3 293 hommes obèses de l’échantillon, la mauvaise aptitude aérobie était la variable explicative de mortalité la plus importante, le taux de prévalence étant environ cinq fois plus élevé que celui du diabète de type 2.

On peut se demander si l’amélioration de la fonction cardiorespiratoire s’accompagne d’une amélioration de la santé. Des chercheurs ont mené une étude de suivi à long terme auprès d’hommes ayant eu au moins deux examens médicaux préventifs. Ils ont observé que le taux de mortalité était 44 % moins élevé chez les hommes dont l’aptitude aérobie était mauvaise au départ, mais qui l’ont améliorée, que celui des hommes qui ne l’avaient pas améliorée, et ce, sans égard à l’âge, à l’état de santé et aux autres facteurs de risque de mort prématurée.

En fait, l’amélioration de la fonction cardiorespiratoire réduit davantage le taux de mortalité que la perte de poids, la diminution de la pression artérielle, la réduction du taux de cholestérol ou l’élimination du tabagisme. Cette conclusion va dans le même sens que celles d’autres études épidémiologiques menées auprès de grandes populations.


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Guy Thibault

Professeur associé à l'École de kinésiologie et des sciences de l'activité physique, Faculté de médecine de l’Université de Montréal, Guy a été, de 2017 à 2022, directeur des Sciences du sport de l’Institut national du sport du Québec. Ses deux derniers livres sont des succès de librairie : Entraînement cardio, sports d’endurance et performance ; et En pleine forme, conseils pratiques pour s’entraîner et persévérer.

  1. Romuald dit :

    Comment orienter la population si les arguments en direction de comportements prophylactiques sont inefficaces : remboursement des frais d'adhésion aux associations sportives par l'Assurance maladie, gratuité d'accès à des séances de remise en forme, valorisation de la compétition,… ?

  2. guy thibault dit :

    Merci M. Drouin pour votre bon mot. Nous partageons votre avis, car pour être efficaces, les mesures de promotion de la pratique régulière d'activités physiques et sportives doivent faire bien plus que diffuser de l’information générale sur les bienfaits de l’exercice physique. D'ailleurs, même chez les personnes âgées, la santé n'est pas un important vecteur de pratique d'activités physiques. Comme le fait ressortir le professeur Gaston Godiin dans son excellent livre 'Les comportements dans le domaine de la santé' (https://pum.umontreal.ca/catalogue/les-comportements-dans-le-domaine-de-la-sante), les gens qui adoptent un comportement de santé le font rarement pour des raisons de santé.

  3. Gilles Drouin dit :

    J'aimerais réagir, car j'entends déjà des conclusions hâtives et inappropriées suite à votre article fort intéressant. Votre article a été repris par le réseau de l'éducation, car on y voit un facteur de motivation à la pratique d'activités physiques.
    En effet, quelques éducateurs physiques y voit un élément pour encourager les étudiants à adopter un mode de vie physiquement actif. Je crois que le terme «encourager» n'est pas nécessairement approprié. Information très intéressante au point de vue de la «santé publique», mais peu d'impacts au point de vue «psychopédagogique». Je m'explique : Cette information semble plus utile pour les professionnels de la santé, car la PAM démontre un excellent pouvoir de prédiction de la santé et de l'espérance de vie. Et un test de PAM est rapide et peu coûteux, si l'on compare d'autres mesures pratiquées dans le secteur de la santé. Pour les éducateurs physiques, cette information n'est qu'un élément de sensibilisation comme un autre pour les faire bouger. Toutefois, dans cette visée, cette information visant à inciter par la peur n'a pas démontré son efficacité à l'adoption d'un mode de vie physiquement actif… En clair, l'étudiant chez qui nous mesurons une faible PAM, cette information n'aura pas l'effet escompté de l'encourager et de le rendre nécessairement plus actif. Même, pour la grande majorité, cela aura un effet décourageant! En effet, dans le cas d'un étudiant physiquement actif, mais dont la PAM est faible, quel effet aura cette information ? Ou encore, pour l'étudiante sédentaire dont on mesure une excellente PAM – merci papa, merci maman, car on sait que la PAM a une large part d'hérédité -, quel effet cela aura cette information? Enfin, pour l'étudiant qui est sédentaire avec une faible PAM, est-ce que cette information sera un élément volitif ou répulsif?
    Ainsi, merci pour votre article qui démontre la pertinence d'une telle mesure dans le domaine de la santé publique !

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